Les pompiers tardent à venir

Nathalie Dupont, cahier d'artiste

Les pompiers tardent à venir

Une discrète

lumière pâle et triste jaunit la scène

comme un cœur qui a mal s’éteint

L’encre retrace une blessure

comme mine de plomb

L’homme vêtu de blanc noirci

pousse avec ses épaules opaques

le lourd couvercle de son coffre

L’individu est seul à en mourir

Le type hurle sa force d’en sortir

pour que ne se referme pas le contenant

et l’on voit bien tout le chagrin de son cri

Le monsieur refuse d’être mort

Le pauvre habite l’estomac

d’un chat oiseau de malheur

avec un ange sombre comme le soir

qui lui crève la coquille éternellement

L’ombre du spectre est un loup-garou

Les silhouettes attendent, patiemment elles l’attendent

sûrement pour paver les pas du miséreux

alors que ses pieds-là ne sont pas encore nés

Et les pompiers qui tardent à venir

Peut-être même que ses jambes l’auraient quitté

alors que sa boîte de vie stress n’a plus de roues

Le ravin est trop profond et les pompiers tardent à venir